Cet air qui m'obsède jour et nuit,
Cet air n'est pas né d'aujourd'hui,
Il vient d'aussi loin que je viens,
Traîné par cent mille musiciens.

Un jour cet air me rendra folle.
Cent fois j'ai voulu dire pourquoi,
Mais il m'a coupé la parole.
Il parle toujours avant moi.
Et sa voix couvre ma voix.

Padam, padam, padam.
Il arrive en courant derrière moi.
Padam, padam, padam.
Il me fait le coup du souviens-toi.
Padam, padam, padam.
C'est un air qui me montre du doigt.
Et je traîne après moi comme une drôle d'erreur
Cet air qui sait tout par coeur.

Il dit: "Rappelle-toi tes amours,
Rappelle-toi puisque c'est ton tour.
'Y a pas d'raison pour qu'tu n'pleures pas
Avec tes souvenirs sur les bras..."

Et moi, je revois ceux qui restent,
Mes vingt ans font battre tambour.
Je vois s'entrebattre des gestes,
Toute la comédie des amours
Sur cet air qui va toujours.

Padam, padam, padam.
Des "je t'aime" de quatorze-juillet.
Padam, padam, padam.
Des "toujours" qu'on achète au rabais.
Padam, padam, padam.
Des "veux-tu" en voilà par paquets.
Et tout ça pour tomber juste au coin d'la rue
Sur l'air qui m'a reconnue.

Écoutez le chahut qu'il me fait
Comme si tout mon passé défilait.
Faut garder du chagrin pour après.
J'en ai tout un solfège
Sur cet air qui bat,
Qui bat comme un coeur de bois.

Esta melodía que me obsesiona día y noche,
Esta melodía no ha nacido hoy,
Viene de tan lejos como yo,
Arrastrada por cien mil músicos.

Un día esta melodía me volverá loca.
Cien veces ha querido decir por qué,
Pero me ha quitado la palabra.
Siempre habla antes que yo.
Y su voz cubre mi voz.

Padam, padam, padam.
Llega corriendo detrás de mí.
Padam, padam, padam.
Me hace la jugada de intentar recordar.
Padam, padam, padam.
Es una melodía que me señala con el dedo.
Y yo arrastro detrás como un raro error
Esta melodía que sabe todo de memoria.

Dice: "Recuerda tus amores,
Recuerda ya que es tu turno.
No hay razón para llorar
Con tus recuerdos bajo los brazos..."

Y yo, vuelvo a ver a los que quedan,
Mis veinte años hacen sonar el tambor.
Veo pelearse con gestos,
Toda la comedia de los amores
Bajo esta melodía que aún continúa.

Padam, padam, padam.
Los "te amo" del catorce de julio.
Padam, padam, padam.
Los "siempre" que se compran en la rebaja.
Padam, padam, padam.
Los "deseas tú" de a montones.
Y todo eso para caer justo en la esquina
Bajo la melodía que me ha reconocido.

Escuchen el bullicio que me hace
Como si todo mi pasado desfilara.
Hay que guardar la pena para más tarde.
Tengo todo un solfeo
Con esta melodía que late,
Que late como un corazón de madera.